Sous le soleil de Mancora

– « Band your knees. Take deep breath and relax…  »
Me relaxer… Je pense que c’est faisable. J’aperçois les branches de cocotiers qui se meuvent doucement sous l’effet de la brise matinale, et plus loin les vagues qui commencent tout juste à se lever gentillement. J’ai déjà connu de plus grands moments de stress… Tellement détendue, je ne vois pas que la prof a déjà changé de posture. Un coup d’oeil sur ma voisine, et me voilà en train de faire, ou tout au moins d’essayer de faire, le cobra. Puis, on se relève, on lève les bras, on se penche à nouveau… Et c’est parti pour une succession de chats et de… vaches? Je n’avais pas le souvenir que cette position s’appelait la vache en français. Enfin, je n’ai peut-être pas tout compris… Parce que le cours de yoga en anglais à 8 heures du mat’, il faut bien avouer que ce n’est pas toujours facile à suivre.

¿ Unas cervezitas ?

– Amigos, donde está la microondas por favor? Nous lance un jeune type avec un bel accent brésilien.

Nous étions affairés à préparer le dîner – espadon juste saisi, riz et garniture de légumes frais – dans la petite cuisine de l’auberge quand cette voix chantante nous interpella depuis l’encadrure de la porte.

Passaporte por favor!

– Por favor!!!
– No, no y no!!!
Hors de question que nous acceptions ces chaussures. Ce ne sont sans doute effectivement que de simples chaussures ou peut être pas ? Une vieille dame tente elle aussi sa chance en nous demandant de faire passer des vêtements. Mais, non, quitte à être désagréables, nous ne pouvons pas prendre le risque d’accepter.

Bien que nous n’ayons pas vraiment constaté que les prix soient plus bas qu’ailleurs lors de notre rapide visite de la ville, Tacna serait la seule zone franche du pays. Et la plupart de nos compagnons de voyage semblent en avoir bien profité! Des fringues jusqu’aux paquets de céréales, ils sont chargés de courses et tentent de nous refourguer une partie de leurs achats, histoire de ne pas dépasser le montant maximum par personne autorisé à la frontière.

Journée ordinaire à l’Anaconda Lodge

– « Clarita, clarita !!! »
Je lâche mon torchon et sors voir ce qui se passe. Wadee, un peu paniquée, hurle mon nom – ou plutôt mon nouveau surnom depuis quelques jours – et entre en trombe dans le restaurant.
-« Clarita, sabes donde está Lulla ? »
-« No. ¿Porque? »
-« No está con Poppy. Voy a ver a la piscina. ¿Puedes quedarte aquí? »
-« Si, no hay problema. »
De toute façon, je n’ai pas terminé. Il me reste encore une bonne pile d’assiettes à laver et un coup de balai à passer dans la cuisine. Histoire de me donner un peu de courage, je prends un second café et termine l’assiette de pancakes auxquels je m’étais pourtant promis de ne pas toucher.

Estamos de vuelta

Je me réveille, la tête sur l’épaule de Maui, le cou totalement cassé. Je n’en peux plus de ce chauffeur ! Il fonce et chaque virage est un calvaire. Impossible de dormir, il faut se faire une raison. C’est la troisième fois que nous empruntons cette route; je sais que ça ne s’améliorera pas avant que nous soyons arrivés… La chaleur moite me fait penser que nous avons heureusement déjà du faire une bonne partie du voyage. Après plus d’une semaine à souffrir du froid, je suis d’ailleurs bien contente de quitter les montagnes de Cusco pour retrouver le climat tropical de la Selva amazónica.